Archives de catégorie : Critiques

Understatement and the english soul

Ce texte a été publié précédemment il y a neuf ans.

Dans un article précédent consacré à P.G. Wodehouse, j’avais évoqué le caractère intraduisible de ce mot si britannique d’understatement. Certains anglophones scolaires pourront vous dire que understatement pourrait très bien se traduire par litote ou par euphémisme. Hé bien, ce n’est pas mon avis et je le prouve.

Commençons par George Mikes, auteur anglais d’origine hongroise qui, vers la fin des années 40, a traité de l’impossibilité pour un non-anglais (un alien) à devenir anglais dans un petit opuscule à l’humour très britannique, »How to be an alien ». Voici l’une des raisons de cette impossibilité:  « The English have no soul ; they have the understatement instead. »
(Je vais me permettre ici une incidente pour souligner que le vocable d’alien que les Grands Bretons utilisent volontiers pour nous désigner, nous les étrangers, fait inévitablement penser, depuis une trentaine d’années, à un être verdâtre, gluant et agressif, mais par dessus tout mal élevé qui met en évidence le peu d’estime Continuer la lecture de Understatement and the english soul

Histoire de Dashiell Stiller ? Je l’ai lu !

La première question qui vient à l’esprit quand on s’interroge sur un roman tel que cette Histoire de Dashiell Stiller est celle-ci : où son auteur se cache-t-il, dans quel personnage ?

Une analyse sommaire du roman pourrait mener à conclure que Stiller, c’est Coutheillas. Stiller est écrivain, Coutheillas voudrait l’être. Dashiell est encore jeune, Philippe pense qu’il l’est toujours… Ceux qui connaissent bien Coutheillas ont pu décliner ainsi les ressemblances avec le photographe américain, mais pour cela, il leur aura fallu patienter car, avant le dernier chapitre, le lecteur ne saura rien de Dashiell, sinon qu’il est tombé amoureux d’Isabelle par une douce fin d’après-midi Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller ? Je l’ai lu !

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (3/3)

(suite de l’autocritique malaisée d’Histoire de Dashiell Stiller)

(…) Les deux derniers chapitres, Mattias Engen et Dashiell Stiller, les plus longs du roman, dégagés qu’ils étaient de la tragédie de Samuel et de la langue de bois de Cambremer, ont été sinon faciles, du moins agréables à écrire. Le moins agréable n’étant pas de ne pas connaitre le dénouement des amours d’Isabelle et Dashiell une demi-heure avant de l’écrire enfin.

Je viens de vous présenter sans vergogne ni pudeur la plupart des secrets de l’écriture de l’Histoire de Dashiell Stiller. A présent, sans aucune modestie et en toute sincérité, je vais me livrer coram populo et sans filet à l’exercice littéraire le plus difficile et le plus dangereux qui soit : faire la critique du roman que l’on vient d’écrire.

Critiquer le roman d’un autre est un plaisir dont je ne me suis pas souvent privé. Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (3/3)

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (2/3)

(suite de l’autocritique malaisée d’Histoire de Dashiell Stiller)

(…) Et puis bien sûr, il y a Le Cujas. Aujourd’hui, le Cujas, c’est l’Histoire de Dashiell Stiller, mon premier vrai roman, le texte qui justifie sous forme de critique aisée mon intervention d’aujourd’hui. Je ne le répèterai jamais assez : je l’ai lu et relu, et j’ai aimé ce que j’ai lu.

Comment l’idée du Cujas m’est venue, je l’ai dit cent fois à qui voulait l’entendre : la vieille dame joyeuse à Aurillac, la carte-postale bihebdomadaire à la maison de retraite et, un jour, celle qui m’arrête au moment de la mettre à la boite : Étudiants à la terrasse d’un café du boulevard Saint-Michel à Paris, vers 1935.  © Albert Harlingue/Roger-Viollet. Huit personnages sur la photo, le Quartier Latin, quatre ans avant la seconde guerre mondiale… Qu’est-ce qui peut bien lier ces gens en ce jour de 1935 ? Comment vont-ils traverser la guerre ? Vont-ils seulement en réchapper ? Et Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (2/3)

Rendez-vous à cinq heures avec une réponse

la page de 16h47 est ouverte…

Parce que le roman
par Philippe

Cette chronique est censée répondre à celle que Lorenzo a signée hier dans le JdC

Elle est intéressante cette étude sur les différences qui existent entre le roman et la réalité, ou plutôt entre les comportements humains romanesques et les comportements  réels. Bien que je sois en désaccord avec elle sur presque tous les points, elle est intéressante, argumentée. On peut regretter cependant qu’à la fin du texte ainsi que dans l’addendum, l’auteur n’ait pas su s’empêcher d’enfourcher une fois de plus sa monture favorite, sorte de mulet increvable né de la fusion improbable de personnages réels et de leurs images fantasmées sous la plume d’un auteur en verve. Mais passons.

Donc, selon la théorie Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec une réponse

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (1/3)

Histoire de Dashiell Stiller
Philippe Coutheillas, 2023
Amazon, 419 pages, 12€

 Il m’arrive parfois de quitter le second degré ; il m’arrive aussi de quitter nuance, réserve et modestie et généralement, ça se produit en même temps. En voici la preuve :
J’ai relu Histoire de Dashiell Stiller. Il le fallait : c’était nécessaire pour les corrections d’épreuves avant publication. Mais c’est aussi par goût que je l’ai fait et, comme je le disais l’autre jour dans une critique plus lapidaire parue fin août dernier : j’ai aimé ce que j’ai lu.

Oui, j’ai aimé. Cela vous surprend, n’est-ce pas, de lire ici ce genre d’aveu ? Ce sont des choses qui ne se font pas : c’est fichtrement casse-gueule, c’est un faux-pas, une faute de goût, et, pire, c’est une erreur.
Eh bien, c’est peut-être une erreur, mais Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (1/3)

Rendez-vous à cinq heures avec une question

la page de 16h47 est ouverte…

Mais pourquoi le roman ?
par Lorenzo dell’Acqua

Il y a quelque chose de faux dans la plus belle expression dont soit capable l’être humain, à savoir la littérature, poèmes ou romans ou autres. Faux, parce que jamais l’homme ne fonctionne de façon huilée, policée, cohérente, comme se doit de fonctionner un bon roman. L’homme fonctionne par « images » ou « impressions » successives, chacune en appelant une autre sans qu’il soit capable de dire comment et pourquoi il en est arrivé à la dernière, la seule qui compte pour lui, celle qu’il va assumer, adopter et à laquelle il va croire dur comme fer.

Mais comment en est-il arrivé à penser une chose pareille ? Lui-même ne se le demande jamais. Le roman est exactement l’inverse : il doit être cohérent et Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec une question

Rendez-vous à cinq heures dans la maison

la page de 16h47 est ouverte…

Voici la critique du film « Dans la maison » par Lorenzo dell’Acqua

 

DANS LA MAISON
François Ozon, 2012

Curieux film aux deux visages, l’un positif, l’autre négatif, qui met en scène la réalité et la fiction, le bien et le mal, mêlés avec une habileté dépourvue d’incohérences et de facilités.

Fabrice Lucchini interprète un professeur de français désabusé et résigné. Ses élèves sont nuls et surtout, ce qui le désespère encore plus, ne manifestent aucune envie d’apprendre. Là, rien d’étonnant, cela correspond à l’impression que nous avons tous. Mais, dans sa nouvelle classe, il découvre un jeune garçon doué qui raconte bien et qui écrit bien, autrement dit Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures dans la maison

Que faut-il penser d’ Histoire de Dashiell Stiller ? (8)

A peine sorti de presse, l’Histoire de Dashiell Stiller déclenche les polémiques auxquelles les ouvrages de Philippe Coutheillas nous ont habitués.
Histoire de Dashiell Stiller… Roman d’aventures, autofiction, roman historique, histoire d’amour, roman à l’eau de rose, roman de l’été, bide de l’année… tout à été dit.
Mais que peut-on en penser, que FAUT-il en penser ?

Des écrivains vous répondent...

3 juillet 2023, Champ de Faye, Aisne

Je viens de finir de corriger les épreuves d’Histoire de Dashiell Stiller, et je dois dire que j’ai beaucoup aimé ce que j’ai lu.

Philippe C, romancier inachevé

 

Pour acheter sur Amazon, cliquez sur la photo ci-dessous :

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ? (7)

A peine sorti de presse, l’Histoire de Dashiell Stiller déclenche les polémiques auxquelles les ouvrages de Philippe Coutheillas nous ont habitués.
Histoire de Dashiell Stiller… Roman d’aventures, autofiction, roman historique, histoire d’amour, roman à l’eau de rose, roman de l’été, bide de l’année… tout à été dit.
Mais que peut-on en penser, que FAUT-il en penser ?


Des écrivains vous répondent…

July 20 2010, 815 5th avenue, Manhattan, NYC

La première fois que j’ai rencontré Dashiell Stiller, c’était en 1952, à Brooklyn. J’avais alors 17 ans et lui ne devait pas être loin de la quarantaine. Il se trouve que mon ami Spats Levinski devait installer l’air conditionné chez Stiller mais qu’il devait le même jour aller à Columbus pour jouer du banjo dans la bar-mitzvah du fils du neveu de sa grand-tante, Shoshana. Comme la prestation d’artiste payait 2 dollars 50 de plus que celle de plombier, Spats m’avait demandé de le remplacer chez Stiller. Levinski et moi nous avions le même âge et je l’admirais beaucoup pour tout un tas de raisons. La première c’était qu’il affirmait coucher une fois par semaine, le mardi, avec Madame Jakubowski, la femme du boucher de Franklin street. Mais la raison la plus motivante, c’est qu’il faisait de la boxe française et qu’il savait comment vous envoyer de ces coups de savates inoubliables dans les parties sensibles. Je ne pouvais donc rien lui refuser. C’est pourquoi, en cette très chaude matinée de juillet de 1952, vers les 9 heures, je sonnais à la porte de l’appartement 2C du 250 Furman Street. Stiller m’accueillit très aimablement mais sortit aussitôt Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ? (7)