Archives de catégorie : Thème imposé

Nighthawks revisité

Rediffusion
Nighthawks est probablement le tableau de plus célèbre d’Edward Hopper (1882-1967). Les commentateurs s’accordent en général pour dire que ce tableau, peint en 1942, est une représentation de la solitude et de l’aliénation de l’individu dans la société américaine.
Pourtant cette interprétation est loin de faire l’unanimité chez les spécialistes et plus particulièrement chez les gardiens de musée, surtout depuis qu’un jeune chercheur de l’Université d’Hawal-Bumpil-On-The-Gange a retrouvé dans l’un des containers qui renferment les documents en instance de classement du Whitney Museum de New York une série de croquis qui mettent en évidence les hésitations du maître quant à la signification de son œuvre majeure. Voici le premier d’entre eux qui exprime le désarroi pathétique de la femme devant l’absurdité du temps qui passe en même temps que l’assurance insolente de l’homme devant l’absurdité de la femme.

Nota bene : Avant d’envoyer des insultes à la Rédaction, rappelez vous que c’est Hopper qui pense et que nous sommes en 1942

 

Piéton, où est ta victoire ?

 Alors, voilà.
C’est en 2016 que j’avais écrit cet essai en deux parties et un addendum que je rediffuse aujourd’hui, 8 années plus tard. Si vous avez le courage de lire ou relire cet interminable article, vous pourrez vous rendre compte que je ne dis pas que des bêtises. (Je suis quand mes diplômé du CERC ( Centre d’étude et de recherche sur la circulation routière), promotion 1969 et fus un temps spécialiste des plans de circulation ; mais c’était un temps où l’on cherchait à améliorer la circulation, pas à la ralentir !)
Considérez par exemple un instant le désert que sont devenues la rue de Rivoli et, à certaines heures, le Boulevard Saint Germain, au point qu’on peut se demander parfois si nous ne sommes pas sous couvre-feu ; considérez aussi le nombre de magasins qui ont fermé pendant la crise du Covid et n’ont pas rouvert depuis, et demandez-vous si tout cela n’est pas lié au succès de la politique forcenée d’Annie Dingo : parvenir par les embouteillages à dissuader les automobilistes de venir dans Paris, avec la mort de commerces du centre-ville pour conséquence automatique.

Piéton, où est ta victoire ?

 Première partie : La piétonisation

Il n’y a pas si longtemps, je vous avais parlé de mon impression de l’aménagement piétonnier de la partie de la voie sur berge rive gauche qui a été interdite à la circulation. J’avais pris toutes les précautions oratoires pour que mon billet d’humeur ne soit pas considéré comme une critique bornée de la piétonisation des voies de circulation.

Mais ledit billet était paru en pleine polémique sur le projet fermeture définitive des voies sur berge rive droite. Alors, selon la théorie reconnue du Continuer la lecture de Piéton, où est ta victoire ?

Petits arrangements

Le nombre A(k,n) d’arrangements d’un ensemble E
comprenant n éléments pris k à la fois
est donné par la formule :
A(k,n)=n ! (n−k) !
dans  laquelle
n ! = factorielle (n) = n(n-1)(n-2)…(3)(2)(1)
avec 0 ! = 1
Si n=k=4, le nombre d’arrangements est égal à
A4 = 4 ! = 24
Vérifions, voulez-vous ? 

Par un beau dimanche d’été, Samuel Johnson avait écrit :

Tout progrès intellectuel est un produit du loisir

Mais le vieux Samuel avait beaucoup hésité avant de diffuser la version finale de son aphorisme. Un chercheur du Massachussetts  Institute of Technology a retrouvé ses brouillons. Les voici :

tout progrès intellectuel est un loisir produit
tout progrès intellectuel est un produit du loisir Continuer la lecture de Petits arrangements

Mourir pour les Sudètes ? Encore ?

Il y a deux ans exactement aujourd’hui, le 25 janvier 2022, voici ce que j’écrivais après avoir vu le film « L’Étau de Munich« . Depuis deux ans, il s’est passé bien des choses, dont le 24 février 2022, l’attaque russe sur l’Ukraine, un mois exactement après cet article.

Je viens de voir un film sur Netflix, L’Étau de Munich, dont le cadre se situe pendant la crise des Sudètes en 1938. La crise des Sudètes, c’est cette période où Hitler, après avoir annexé l’Autriche, et souhaitant continuer à augmenter l’espace vital allemand comme il l’avait promis au peuple, masse ses troupes à la frontière avec la Tchécoslovaquie dont il exige qu’elle lui cède la région des Sudètes. La Tchécoslovaquie refuse. La tension monte, car si la France et l’Angleterre veulent défendre la Tchécoslovaquie, ce sera la guerre avec l’Allemagne. Les Français pas plus que les Britanniques ne veulent mourir pour les Sudètes. Hitler les convainc facilement que s’ils lui laissent les mains libres pour annexer la région des Sudètes, c’en sera fini des revendications territoriales de l’Allemagne nazie, ce sera « la paix pour mille ans ». Les célèbres et désastreux accords de Munich sont signés en ce sens en septembre 1938. On connait la suite. Daladier à Paris, et Chamberlain à Londres sont accueillis Continuer la lecture de Mourir pour les Sudètes ? Encore ?

Joyeux anniversaire

Le 6 janvier 2021, l’Amérique est passée juste à côté d’un coup d’état, totalement impréparée qu’elle était à un coup de force que pourtant la personnalité, les comportements, les actions passées et les déclarations de Donald Trump auraient dû laisser prévoir. Mais à quoi pensaient donc les politologues, les journalistes, les instituts de sondage, les think tanks, les hommes politiques, les services de renseignements américains, le MI6, la DGSE, le MOSSAD ? (J’exclus de cette large liste les SVR, KGB, GRU, FSB russes, MSS chinois et autres SMERSH cosmopolites et apatrides qui bien sûr avaient été mis au courant en temps utile). 

Un tel aveuglement est aussi invraisemblable et révélateur d’une inquiétante incompétence que celui qui a laissé passer les attentats du 11 septembre 2001 et les Continuer la lecture de Joyeux anniversaire

Aurore

Quelques alexandrins dans l’eau froide de ce monde de brutes ne vous feront pas de mal, même si vous les avez déjà lus le jour où ils ont parus pour la première fois, il y aura bientôt 10 ans. Place à la poésie matitudinale…

Le soleil s’est levé derrière le toit qui fume
Les oiseaux ont chanté, les nuages ont blanchi.
J’ai enfoncé mes yeux dans l’oreiller de plume
Et mes poings ont battu l’édredon avachi.

« Vos gueules! », ai-je crié aux Continuer la lecture de Aurore

Rendez-vous à cinq heures avec le passé

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LE SILENCE DES PARENTS 

Mon cher Philippe,

Bien que le passé ne t’intéresse pas et que le présent ait des raisons de te préoccuper, j’aimerais que tu soumettes un jour aux lecteurs de ton blog cette question que je me pose tous les jours. Leurs réponses me seraient utiles.

Je suis né en 1950 et, bien qu’on n’en parlât jamais, la guerre terminée depuis quatre ans était encore omniprésente à notre insu. Par crainte de je ne sais quelle restriction, on ne mangeait jamais de pain frais, on finissait d’abord le pain rassis de la veille. C’était une des obsessions de ma mère héritées des années de privation dont je ne pouvais pas comprendre pas la raison. Nous étions heureux, ou plutôt nous n’étions pas malheureux, même si nous, les enfants, ne le savions pas.

Avec le temps, le silence de mes parents est devenu pour moi une énigme à laquelle je ne trouvais aucune réponse. Eux n’avaient jamais rien fait de mal, j’en suis convaincu, ce qui exclut déjà cette explication à leur attitude. Alors pourquoi ne nous ont-ils jamais parlé de la guerre et de leur vie pendant la guerre ? Cette interrogation Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec le passé

Rendez-vous à cinq heures au Small Horse Shoe

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Retour au Petit Fer à Cheval
par James Redwood
traduction de Jim

Mon véritable nom est James Redwood. Je suis scénariste à la BBC mais l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui en 1957 n’est pas une fiction mais une histoire bien réelle. Elle débute en 1942 à Paris où je me trouve sans autres papiers d’identité que mon passeport anglais car nous les sujets aujourd’hui de sa Majesté la Reine Elisabeth – tout comme en 1942 lorsque j’étais sujet de sa Majesté le Roi George VI – n’avons pas de carte d’identité comme vous autres les français. J’aurais sacrément voulu en avoir une, française, le 16 Mai 1942 comme celle détenue par Dieter Wiegenfeld, mais pourquoi donc après tout puisque à l’époque je ne parlais pas plus de trois mots en français. Vous vous questionnez, hein? comment se fait-il que je sache que Dieter Wigengeld en détenait une ? Voilà l’histoire.

Le 16 Mai 1942, j’étais assis à la terrasse Au Petit Fer à Cheval dans le coin Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures au Small Horse Shoe

Le wokisme et les sous-marins

Il y a presque exactement deux ans, énervé par la consultation très régulière que je faisais du New York Times et du Washington Post, j’avais écrit ceci :

« Un jour, alors que nous discutions des sentiments réciproques des Américains et des Français, un ami — était-ce Jim, était-ce Paddy, je ne sais plus — m’a dit ceci : « Les Américains sont persuadés que les Français ne les aiment pas, mais les Français les adorent. A l’inverse, Les Français croient que les Américains les aiment ; or ils les détestent. »

Je n’y avais jamais réfléchi auparavant, mais cette sentence me parut concrétiser tout ce que j’avais ressenti confusément jusque-là.

Aujourd’hui, mon propos n’est pas de m’étendre sur le fait que, malgré tout ce qu’ils peuvent en dire, les Français aiment les Américains. Les exemples en sont nombreux et, si vous arrivez encore à réfléchir honnêtement quelques instants, vous les trouverez de vous-même très facilement.

Ce qui m’occupe, c’est plutôt le fait que, malgré ce que nous Français croyons, les Américains ne nous aiment pas. Et c’est peut-être la fraction des Américains que Continuer la lecture de Le wokisme et les sous-marins